
| Informations générales | ||
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| Date | du 4 août 1914 au 11 novembre 1918 |
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| Lieu | Europe, Afrique et le Moyen-Orient (brièvement aussi en Chine et dans l’océan Pacifique) | |
| Issue | Victoire de l’Entente; Traité de Versailles. Création de la SDN. |
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Béligérants:
Si la Première Guerre mondiale est déclenchée par l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, héritier du trône d’Autriche, cet événement ne fait que cristalliser des tensions issues de contentieux antérieurs. C'est le détonateur d'une guerre préparée de longue date, aux origines plus profondes. On compte parmi les raisons structurelles un nationalisme fort, la montée des impérialismes et les volontés expansionnistes ou qui y sont associées comme l'irrédentisme italien, des conflits précédents non résolus (perte de l'Alsace-Lorraine par la France, guerres balkaniques) auxquelles s'ajoutent les rivalités économiques, un système d'alliances militaires complexe développé entre les différents pays européens au cours duxixe siècle après la défaite napoléonienne de 1815 et le Congrès de Vienne qui s'en est suivi, des malentendus diplomatiques (l'Allemagne croyait notamment que le Royaume-Uni resterait neutre67) ou encore des gouvernements instables comme le régime parlementaire en France. Le climat de tension régnant avait poussé les grandes puissances européennes dans unecourse aux armements et chaque état-major s'était activement préparé au conflit. L'attentat de Sarajevo va déclencher ce que l’historien Jean-Baptiste Duroselle appelle un « mécanisme »8qui va entraîner presque malgré eux les protagonistes vers une guerre totale.
L'impérialisme des nations européennes est rendu visible à travers la question coloniale. Depuis la conférence de Berlin de 1885, qui avait permis le partage de l'Afrique entre les grandes puissances européennes, les différends coloniaux ne vont cesser de s'accroître, entretenant par là même les tensions entre les métropoles. Tensions d'abord entre Français et Anglais en Égypte et, surtout, au Soudan avec la Crise de Fachoda en 1898 puis tensions entre la France et l'Italie sur la Tunisie en 1881, qui vont entraîner l'adhésion de l'Italie à la Triplice. Il y aura aussi tensions entre l'Angleterre et la Russie en Afghanistan et en Mandchourie. Les tensions entre la France et l'Allemagne apparaissent dès 1905 au Maroc. Depuis 1871, l'Allemagne unifiée a rattrapé, en quelques décennies, son retard économique sur le reste de l'Europe occidentale en se dotant par exemple d’une industrie très concentrée9. L'Allemagne regarde donc outre-mer et vers l’Afrique où elle espère trouver des matières premières à bon marché ou même fonder des comptoirs pour écouler ses produits manufacturés10. Cependant, la France et l'Angleterre se sont depuis longtemps partagées l'Afrique et l'Asie. L'Allemagne, sauf en de rares endroits comme au Cameroun, Namibie, Tanzanie, Togo ne peut obtenir de zones d’influence dans les colonies. Aussi ressent-elle comme une injustice que son industrie de plus en plus compétitive se heurte à la crainte ou à l’égoïsme des autres puissances européennes11. Ne disposant pas de colonies de peuplement, Guillaume II souhaite prendre pied au Maroc au nom de la Weltpolitik. Les deux crises, en 1905 avec le Coup de Tanger et en 1911 avec le Coup d'Agadir, qui l’opposent à la France conduisent à une multiplication des incidents diplomatiques. Pour l'historien allemand Fritz Fischer, cette situation est l’une des principales causes du déclenchement du conflit.
Les inquiétudes sont aussi d'ordre économique. Même si chaque pays développe son économie, la rivalité économique entre l'Allemagne et la France s'accroît à partir de 191212. La grande puissance industrielle allemande inquiète les États européens, car les produits allemands inondent les marchés français et britanniques13. Cette rivalité économique « (a) contribué à alourdir le climat général entre les deux États et, par là même, à faciliter la rupture14 ». Quant aux Allemands, ils s’inquiètent de la croissance économique et démographique de la puissance russe qui les amène à penser qu’ils seraient incapables de lui résister dans quelques années ; de telle sorte qu’ils ont peut-être intérêt à provoquer un conflit avant qu’il ne soit trop tard15.
L’antagonisme franco-allemand puise également sa force dans l’idée de revanche et le retour à la mère patrie des provinces perdues d'Alsace-Lorraine16 où la résistance à l'Allemagne est forte17. L'antagonisme se nourrit aussi de la crainte qu’éprouvent les Français devant la poussée démographique de l’Allemagne alors que la France connait un déclin démographiquedurable18. Enfin, l’empereur Guillaume II est très influencé par le milieu des officiers prussiens19, garant de la solidité de l’empire, tout auréolé de ses succès du milieu du xixe siècle et qui a forgé l’unité allemande face à l’Autriche et à la France. Pour l’empereur, la guerre, un conflit localisé dans les Balkans notamment, peut être une solution pour résoudre les problèmes territoriaux.
Les Balkans, soustraits de l’Empire ottoman, sont en effet l’objet de rivalités entre les grandes puissances européennes20. En 1878, suite à une révolte des Bulgares et à une intervention des Russes puis des Autrichiens, la partie nord de Balkans est détachée de l’Empire ottoman. La rivalité entre Russes et Autrichiens dans les Balkans s’accentue21. En 1912 et 1913, deux guerres affectent la région : la première est tournée contre la Turquie qui perd tous ses territoires en Europe à l’exception de la Thrace orientale ; la seconde est un conflit entre la Bulgarie et les autres pays balkaniques. Elle se traduit par un importante extension du territoire de la Serbie et par la création, sous la pression autrichienne, d’une Albanie indépendante qui empêche la Serbie d’avoir une façade maritime.
L’Empire ottoman, déjà très affaibli, est ébranlé par la révolution des